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Paroles de Major : Beckett Hover (ETNA promo 2017)

Alors que l’ETNA s’approche doucement mais sûrement du cap des deux décennies d’existence (ce sera pour 2025 avec, on l’espère, une belle fête à la clé), l’école de la nouvelle alternance a choisi de retrouver certains de ses Alumni les plus prestigieux : les Majors de promotion. De temps en temps, l’ETNA va ainsi donner la parole à ces professionnels pour retracer leur trajectoire dans le monde de l’informatique et ouvrir leur boîte à souvenirs.


Après Paolo Lourgouilloux et Thomas Chauffour, respectivement Majors des promotions 2018 et 2016, l’ETNA vous propose de découvrir le parcours de Beckett Hover. Major de la promotion 2017 au sein de la filière Architecte logiciel, développeur d’application, celui qui occupe aujourd’hui le poste de directeur du pôle Front-End chez Synthesio a gardé de nombreux souvenirs de son passage à l’école. Une période qui aura profondément marqué sa vision du travail en équipe et de la gestion de projet !

Major de la promo 2017, Beckett Hover revient notamment sur ses années passées à l’ETNA

Que faisais-tu avant de rejoindre l’ETNA ?

Cela n’avait rien à voir avec l’informatique ! En effet, après le bac, j’ai réalisé un DUT mécanique dans l’idée d’ensuite enchaîner avec une école d’ingénieurs. Malheureusement, étant irlandais – depuis la maternelle, j’ai vécu et grandi en France, mais je n’ai jamais fait la demande pour obtenir la nationalité française –, j’ai découvert que je ne pouvais pas m’inscrire dans une telle école en suivant le cursus classique : la seule façon d’y rentrer était alors d’être considéré comme un étudiant international alors que, jusqu’ici, j’avais passé exactement les mêmes examens que les étudiants français… Je me suis alors retrouvé sur la liste d’attente d’une école d’ingé et, en attendant, j’ai décidé de faire un break de 6 mois pour travailler et mettre des sous de côté pour financer la poursuite de mes études. Durant cette pause, j’ai commencé à réfléchir concrètement sur ce que j’avais envie de faire. Avec le recul, le DUT mécanique ne m’avait pas tant plu que ça, parce que ça manquait selon moi de conceptions. J’ai alors eu l’idée de tenter ma chance du côté de l’informatique, ayant toujours aimé bidouiller sur les ordinateurs même si, de mon propre aveu, j’étais plutôt mauvais en programmation. Je me suis donc mis en tête de trouver une école avec une mentalité particulière, où tout le monde pouvait réussir avec de la motivation. Et c’est comme ça qu’à travers le bouche à oreille, j’ai entendu parler de l’ETNA.


Ce côté bidouilleur en informatique, comment s’exprimait-il ?

Un peu comme tout le monde dans le milieu, j’aimais bien jouer sur mon ordinateur, mais j’aimais également essayer de comprendre comment ça marchait, en cassant un peu tout ! (rires) Il se trouve que mon beau-frère faisait de l’informatique en tant que développeur : quand je l’entendais parler de son travail, ça me semblait hyper cryptique, mais d’un autre côté, cela avait l’air également super cool. En discutant un petit peu avec lui, je me suis dit que le processus pouvait être assez récréatif !


Te voilà donc à l’ETNA. Comment se sont passés tes premiers moments d’étudiant dans l’école ?

Au début, peut-être pour la première fois de ma vie, j’ai eu l’impression d’être la personne la plus stupide dans la pièce et de loin ! (rires) En effet, on vivait alors la Piscine, qui réunissait tous les nouveaux étudiants et donc des profils de tous types, avec des personnes venant de Master, d’autres de Bachelor et des gens qui ont déjà vécu ce genre d’exercice. Bref, on est en pleine Piscine et j’ai l’impression que tout le monde y arrive, sauf moi. C’était un peu perturbant, d’autant plus que ça durait énormément de temps : on travaillait jusqu’au soir et les journées étaient vraiment super longues. Or, comme j’habitais relativement loin du campus, ma fatigue commençait à augmenter. C’était vachement difficile comme entrée en matière ! Heureusement, je me suis aussi fait rapidement un petit groupe d’amis. Comme moi, ils étaient en « reconversion » et avaient rejoint l’école avec la rentrée décalée de mars. Les avoir à mes côtés m’a beaucoup aidé à surmonter l’épreuve. Face aux difficultés de la Piscine, petit à petit, on commence d’une certaine façon à devenir conscient de son incompétence et on réalise qu’il y a beaucoup à apprendre. Forcément, ce genre d’épreuve, ça soude et ça vous forge. Ce groupe d’amis me suivra pendant mes trois ans à l’ETNA, sur tous les projets. Encore aujourd’hui, huit ans après la fin de mes études, on est toujours en contact !

Le Major lors de la cérémonie de remise des diplômes

Qu’as-tu le plus apprécié durant tes années d’études ?

C’est clairement la mentalité de « si tu as envie de réussir, tu peux ». De mon point de vue, il y avait alors très peu d’écoles en France qui mettaient autant la curiosité et la passion en avant. À l’ETNA, ce n’est pas parce que tu n’y arrives pas aujourd’hui que l’on ne va pas t’y amener, peu importe le diplôme avec lequel tu es arrivé : tout le monde va reprendre les bases ensemble au début et avancer. C’est une philosophie qui, moi, me parlait, d’autant que, contrairement à d’autres écoles, l’ETNA s’articulait aussi autour de l’alternance. Pour quelqu’un comme moi qui, durant six mois, avait justement commencé à travailler, cela a été déterminant : je ne me voyais mal retourner à plein temps dans une école. Enfin, je m’identifiais aussi à la pédagogie par projets. J’étais en demande de beaucoup plus d’autonomie et j’ai justement trouvé ça assez plaisant. Quand on est bien encadré, c’est quand même assez chouette de pouvoir se challenger sur plein de points et de mettre directement en application ses nouvelles connaissances ! Au fond, c’est vraiment le côté « ouverte à tous » de l’ETNA qui a su me parler. Certes, tu vas travailler sur des trucs compliqués et il va falloir t’accrocher, mais de façon générale, c’est toujours fait avec pas mal de bienveillance. L’école allait également à contre-courant de cette mentalité d’alors en France où il était de bon ton de « cracher » sur l’alternance, avec pas mal d’entreprises qui considéraient les alternants comme une sorte de main d’œuvre gratuite. L’école ne voyait pas du tout ça comme ça : elle veillait justement à ce que nos alternances se passent bien, pour que l’on continue à grandir, qu’on se sente bien et qu’on ait envie de rester. C’était cool de voir une école porter de telles valeurs.


En parlant d’alternance, où as-tu pu faire tes armes durant ton cursus ?

Pour ma première année, je suis arrivé dans une entreprise qui faisait notamment de l’installation de tablettes dans des points de vente et de la mise en place de Wifi sur lequel se connecter en remplissant des formulaires. L’équipe était relativement jeune, dans une ambiance start-up, avec du bon et du moins bon, mais cela m’a permis d’avoir une première expérience professionnelle en tant que développeur, ce qui était assez chouette. Pour ma deuxième année, j’ai tout de même décidé de changer d’entreprise car le côté start-up qui pivote un peu trop souvent et demande de travailler les week-ends et à des horaires impossibles commençait à me peser. Il faut dire qu’à l’époque, n’ayant pas forcément les moyens de vivre à proximité, je devais me coltiner 5 heures de transport par jour : je partais chez moi à 6 h et ne rentrait qu’à 21h. J’ai donc essayé de trouver un cadre de travail différent, un peu plus posé, et j’ai finalement atterri dans une nouvelle boite que j’ai adorée. Après la fin de mon alternance de deux ans chez elle, j’y suis même resté un an de plus, en tant que développeur full stack. Bon, j’avais encore 4 h de transports journaliers, mais rapidement, dès 2017, j’ai pu obtenir le fait de travailler de temps en temps en remote. Un an plus tard, je rejoignais Synthesio en tant que développeur Front-End, entreprise chez qui je suis encore aujourd’hui. Là-bas, j’ai passé près de deux ans à reconstruire un petit peu toute l’équipe Front-End avant de devenir logiquement directeur de cette dernière.


Quels projets t’ont marqué à l’ETNA ? 

Plusieurs projets m’ont marqué, pour plusieurs raisons, mais je pense que ceux que j’ai eu le plus plaisir à faire étaient les petits projets de groupe, notamment ceux de fin d’année. Nous étions une belle bande de potes et l’école nous laissait pas mal de liberté pour les mener à bien. De manière générale, la pédagogie par projets de l’ETNA m’a beaucoup plu. On devait très souvent apprendre de nouvelles technologies sur le tas, en essayant de se dépatouiller tout seul. Je ne compte plus les situations assez comiques où, en plus du travail en entreprise et du travail à faire pour l’école, on se retrouvait face à un sujet auquel on ne comprenait absolument rien ! (rires) On passait des soirées entières à se marrer sur le fait que, justement, on ne savait pas du tout comment on allait s’en sortir, mais à la fin, on arrivait toujours à trouver une solution à force de tous se creuser la tête !

Revenons à ton entreprise actuelle, Synthesio. Comment la décrirais-tu ?

Au départ, Synthesio travaillait essentiellement sur le social listening, mais l’entreprise se concentre désormais davantage sur ce qu’on appelle « AI-CI », soit la Consumer Intelligence grâce à l’intelligence artificielle. Dans les grandes lignes, on essaye d’amener beaucoup plus de compréhension et d’intelligence à des entreprises pour qu’elles puissent comprendre qui sont leurs clients ou comment est perçue leur marque. Si le social listening permettait de voir les conversations en ligne autour d’une marque ou d’un sujet pour ensuite tenter de dégager différents personas ou segments servant à identifier les messages positifs ou négatifs, l’IACI permet d’aller encore plus loin, d’autant que Synthesio a été racheté par l’IPSOS en 2018. De ce fait, les enquêtes menées par l’IPSOS nous permettent d’avoir de la donnée encore plus qualitative car beaucoup plus contrôlée que la « donnée sociale » qui, de base, est plus volatile. Cela nous donne la possibilité d’aller plus en détail sur certains sujets. À cela nous ajoutons également un travail sur la donnée de « search », soit toutes les données SEO issues des recherches sur Google & co. Ainsi, une fois que l’on sait comment les gens parlent de tel ou tel sujet, on s’emploie à découvrir comment les gens interagissent autour de ce dernier et à définir le comportement qui en découle. L’objectif final est de pouvoir avoir une vision à 360° de tout ce qui se passe autour d’une marque, d’un produit et d’un sujet, pour comprendre sous les différents angles comment on en parle afin que le client puisse ensuite définir les points à travailler pour améliorer ces résultats.  


Quel est ton rôle en tant que directeur du pôle Front-End ?

Quand je suis arrivé, l’équipe Front-End était relativement nouvelle et petite – nous n’étions que trois personnes. J’ai commencé en épaulant le directeur à l’époque et, à partir de là, j’ai pu commencer à reconstruire l’équipe petit à petit, en faisant le choix de recruter des personnes qui vivaient leur première expérience de développement et des personnes ayant justement connu de mauvaises expériences avant de nous rejoindre, pour la simple et bonne raison que nous attachons une grande importance à l’humain. Certes, beaucoup d’entreprises tiennent ce discours, mais chez Synthesio, c’est une vraie priorité. Pour nous, par exemple, il ne peut pas y avoir de réussite individuelle sans cohésion d’équipe. Si tu as réussi ton « sprint », mais que ton collègue, lui, est en train se noyer, tu n’as rien à y gagner et l’entreprise non plus. On veut absolument éviter d’avoir un environnement de travail malsain, avec des horaires à rallonge, où les situations d’échec sont monnaie courante. Et, petit à petit, cela a porté ses fruits. Désormais, l’équipe se compose d’une dizaine de membres et chacun a déjà pu monter en grade : certains sont arrivés au stade senior, d’autres sont devenus des développeurs confirmés. En tant que directeur de cette équipe, mon travail consiste à vérifier que toutes les personnes soient au courant du « career ladder » qui existe chez nous et ce à quoi l’entreprise donne de la valeur.


Comment cela se traduit ?

Par exemple, nous partons du principe qu’être développeur, c’est bien plus que juste écrire du code : c’est aussi avoir la capacité de bien s’exprimer et de bien collaborer avec ses collègues. Dès le départ, j’explique ainsi au développeur ce qui lui sera demandé pour passer de son grade actuel au grade suivant et, tout au long de l’année, je cherche à l’encourager et à l’aider à passer au stade supérieur, en l’incitant à travailler sur ses points faibles jusqu’à que cela devienne des automatismes et qu’il puisse ensuite être capable d’évoluer, tant sur le sur le plan technique que sur le plan humain. J’ai à cœur de vérifier que l’on n’est pas en train de charger à fond à  la feuille de route alors que, en parallèle, une équipe a besoin de lever un peu le pied. La clé, c’est de trouver le bon équilibre entre l’avancée tech et le ressenti de l’équipe pour faire en sorte que tout le monde progresse ensemble, dans un environnement sain, et surtout que chaque personne aime travailler tout en comprenant surtout le but de son travail.

Tu disais avoir connu des premiers temps un peu difficiles à l’ETNA, mais cela ne t’a pas empêché de terminer Major de ta promotion. Comment as-tu vécu cette « transformation » ?

En toute transparence, je ne la vois pas du tout comme une réussite individuelle ! Je pense vraiment que la Piscine et les projets de l’ETNA sont difficilement surmontables pour une personne seule : je ne serais pas devenu Major de la promotion sans mon groupe d’amis et cette entraide très présente entre nous. Quand l’un de nous avait un petit coup de blues, il y en avait toujours un pour le remotiver et le pousser à réussir. Je crois vraiment que n’importe lequel des membres de mon équipe aurait pu être Major à ma place tant nous avions réussi à créer un groupe homogène et instaurer un cercle vertueux permettant à tout le monde de se tirer vers le haut. Personne ne voulait se la jouer perso ! Par chance, j’ai simplement obtenu un peu plus de points que les autres, mais ça ne s’est joué à rien selon moi : cela reste avant tout une réussite collective.


Finalement, c’est cette période étudiante qui a forgé ta manière de travailler aujourd’hui, non ? On retrouve un peu le même état d’esprit dans ton groupe à l’ETNA et la manière dont tu manages tes équipes à Synthesio…

Effectivement, je pense que cette idée d’entraide et de bienveillance est très ancrée en moi ! (rires) C’est très important pour moi de construire et de défendre ce cercle vertueux où l’on se donne de l’espace pour grandir. J’aime à dire que partager avec les autres, c’est aussi investir dans son propre futur. Un bon exemple est celui des profils juniors qui sont arrivés chez Synthesio. J’ai passé beaucoup de temps sur leur intégration et leur apprentissage. Et puis, un an après leur arrivée au sein de l’équipe, alors que nous étions en train de travailler sur un sujet particulier, et bien ce sont eux qui m’ont appris quelque chose ! C’est aussi pour ce genre de moments que j’aime mon travail, quand après avoir investi sur des personnes, elles te renvoient la balle afin que l’on puisse avancer tous ensemble. C’est d’autant plus crucial que, dans l’univers de l’informatique, tout change très rapidement : ce qui existe aujourd’hui peut devenir obsolète dans cinq ans. La seule façon de s’en sortir, c’est de trouver un moyen d’apprendre en permanence et donc d’investir dans l’apprentissage des autres. Tout le monde y gagne !


Enfin, quel conseil donnes-tu aux étudiants actuels et futurs de l’école ?

Tout d’abord, de prendre le temps d’être sympa les uns avec les autres. Même si certains peuvent avoir tendance à toujours vouloir être les premiers – ce qui n’est pas une mauvaise chose en soi –, cela reste tout de même beaucoup plus satisfaisant d’y arriver tous ensemble plutôt que tout seul ! Donc voilà, soyez sympa ! (rires)

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